Aujourd'hui, le soleil était bien haut dans le ciel. Ce serait un temps parfait pour aller exposer mon corps sur une plage, prendre l'air et bronzer dans la plus reposante attitude. Mais non, au lieu de ça, j'avais délibérément décidé de m'enfermer dans la salle d'entraînement de l'Institut. Pourquoi ? Parce que j'avais passé pas mal de temps avec Max et Zéphyr, pour leur permettre d'affiner et de travailler leur entraînement, mais j'avais aussi Angeline. Ma seule apprentie de sexe féminin, que ses parents m'avaient confiée car ils n'arrivaient pas à trouver le temps de lui apprendre les bases et les détails d'un apprentissage de Shadowhunter. J'avais décidé de prendre ma journée avec elle.

J'avais très rapidement compris qu'elle préférait amplement rester derrière un bureau, ou une table, ou n'importe quel meuble, à noter soigneusement tout ce que je pouvais dire, plutôt que de venir sur le terrain. Cependant, la demoiselle n'était pas bête, elle savait pertinemment que sans une arme dans les mains, elle ne pourrait pas vaincre les démons. Et sans un entraînement non plus, alors elle n'avait pas le choix. Et je dois avouer qu'en tant que tutrice, je ne lui laissais pas le choix non plus. Elle obéissait bien, d'ailleurs, notamment parce que je prenais le temps avec elle. J'étais patiente, douce et calme, allant à son rythme. C'est donc avec tranquillité que je l'attendais.

J'étais, encore une fois, habillée avec un pantalon de cuir noir, ainsi qu'un haut assez moulant, de la même couleur. La raison pour laquelle je m'habillais de la sorte, c'était parce que c'était franchement pratique. Pas de vêtement large qui dévoilerait une partie de mon corps, ou bien qui me bloquerait dans mes mouvements. C'était comme une seconde peau, et c'était exactement l'effet recherché. Cependant, comme à chaque entraînement, j'avais les cheveux détachés, et j'exigeais qu'Ange vienne avec les cheveux détachés. Parce qu'ainsi, elle apprendrait à se battre malgré la gêne que pouvaient procurer ses cheveux. Elle saurait vaincre les démons dans toutes situations.

J'avais au poignet droit mon fouet, et dans ma main gauche mon poignard. J'attendais qu'Ange arrive, et quand je l'aperçue, j'eus un sourire. Elle arriva dans la salle d'entraînement, et alors je lui lançais :

Bonjour ma belle ! Prête pour ton entraînement ?

Je n'avais pas pour projet de lui sauter dessus tout de suite, je voulais commencer doucement.

Angéline était exactement le genre de demoiselle avec qui je prenais le temps, avec qui je n'avais pas d'hésitations à me montrer plus douce et patiente. Mais avec Max et Zéphyr, j'étais plutôt du genre à être plus ferme, moins douce. Ils avaient des caractères forts, et il fallait que je sois capable de leur montrer qui commandait. Mais Ange était plus calme, plus à l'écoute, même si elle me donnait parfois du fil à retordre vu qu'elle n'aimait pas se battre. Je l'accueillais, comme toujours, avec un sourire et une phrase amicale. C'était naturel qu'elle se sente à l'aise, et surtout pour elle qui n'aimait pas les entraînements, et préférait largement la théorie. Elle me le confirma d'ailleurs en me répondant :

Salut Izzy, prête ou non, je pense que je n'ai pas le choix, même si ce n'est pas ce que je préfère ...

Je m'approchais doucement d'elle, avant de lui frotter amicalement la tête en riant. J'avais emmené différentes armes, allant du simple poignard séraphique à la dague, en passant par le fouet, l'arbalète ou l'arc. Pour lui faire aimer les choses, il fallait passer par une arme qu'elle aimerait. Je désignais alors automatiquement les différentes armes disposées dans un coin, l'invitant à s'approcher en même temps que moi d'un simple geste de la main, accompagné d'une phrase assez simple :

Ange, choisis parmi ces armes celle qui t'attire le plus, celle avec laquelle tu ressens un lien.

Considérer l'arme comme un rallongement de soi-même n'était pas une chose aisée, il fallait avoir cette connexion entre soi-même et l'arme. Ce serait déjà un grand pas, une belle avancée, si elle trouvait son arme de prédilection.

Je ne sais pas expliquer pourquoi, mais j'ai l'impression que je me débrouille mieux en combat à distance...

Alors comme ça, elle se sentait moins à l'aise dans le corps-à-corps ? Pas étonnant, au fond, elle n'aimait pas se battre. Donc sans doute l'arc lui donnait l'impression de ne pas réellement se battre, mais plutôt... Je ne savais pas vraiment quel mot était le plus juste, mais je comprenais pourquoi l'arc l'attirait. Elle était un peu comme Alec, sur ce point, si ce n'est que mon cher grand frère aimait se battre. Et qu'il se débrouillait plutôt bien, même si c'était moi la meilleure. Enfin, c'était surtout pour l'embêter que je disais ça, parce qu'il était un très bon combattant aussi. Quoi qu'il en soit, je laissais la jeune demoiselle prendre l'arc, allant pour ma part installer les cibles à différentes distances.

Il y en avait trois, réparties à cinq mètres d'éloignement. La première était à cinq mètres, la seconde dix, et la dernière était à quinze mètres. Bien entendu, on irait progressivement, le but était qu'elle se familiarise avec l'arme, qu'elle s'habitue à ne faire plus qu'un avec celle-ci. C'était le principe d'un entraînement, de s'habituer à manier son arme de prédilection avec rigueur, ne faire plus qu'un avec elle et surtout, avoir toujours confiance en elle et en soi. C'était la base de toute relation avec l'arme, savoir que quoi qu'on fasse, on pourrait toujours y arriver. Je me plaçais devant elle, comme une véritable professeure, avant de prendre la parole avec douceur :

Très bien, alors pour commencer, on va parler des bases. De quel côté tu tires ?

Je m'approchais d'elle, une fois qu'elle se soit placée, avant de lui donner des conseils :

Il faut que tes mains soient à hauteur de tes épaules. Le bras qui tient l'arc doit être légèrement plié. L'autre bras, qui tire la corde, doit toujours être parallèle au sol. Prend bien appui sur tes jambes, pour ne pas être déstabilisée.

Je me mis sur le côté, la laissant alors faire.